LA POSITION DES TRADITIONALISTES CONCERNANT LES GENS L'INNOV

Conclusion générale 

Voici certaines recommandations(1) orientées à la jeunesse affiliée aux traditionalistes. Elles proviennent de l’envie profonde de prodiguer le bon conseil aux musulmans et de concilier entre les adhérents traditionalistes conformément aux Textes venant encourager ce genre d’initiative. Elles ont été motivées par le triste constat auquel sont confrontés aujourd’hui les jeunes traditionalistes en terre d’Islam mais aussi dans des pays non musulmans où sont installées des minorités musulmanes. 

En effet, ils vivent actuellement une grande division dans leurs rangs en raison des divergences constatées dans des questions d’ordre théoriques mais aussi dans leurs diverses positions envers certains réfractaires. 
Cela a malheureusement engendré la séparation et l’exclusion des uns et des autres à tel point qu’il règne entre eux la haine et l’animosité. Cette malheureuse épreuve constitue un danger pour le devenir du prêche Salafî étant donné que les gens commencent à le fuir après l’avoir accueilli à bras ouverts dans la plupart des régions du monde et des continents. J’aimerais ainsi résumer ces recommandations en plusieurs points tout en implorant Allah le Très-Haut de m’octroyer la sincérité dans mes intentions et la pertinence dans mes paroles, et de rendre cet ouvrage utile à tout musulman voulant bien le feuilleter !

Premièrement : parmi les principes établis de la religion, il y a l’obligation pour tout musulman de se corriger soi-même en mettant tout en œuvre pour parvenir au salut et en veillant à s’éloigner des facteurs à l’origine de la perdition, avant de se préoccuper des autres comme nous l’enseigne le Seigneur le Très-Haut : (Par les temps ! L’homme est en perdition mis à part les croyants ayant accompli les bonnes œuvres, qui se recommandent la vérité et qui se recommandent la patience). (2) Allah nous a éclairés sur les personnes sauvées de la perdition. Elles se caractérisent par les qualités évoquées dans ce Verset : elles ont à leur actif une foi accomplie, comme elles sont les auteurs des bonnes œuvres avant de se tourner vers l’orientation des autres qui se traduit par la recommandation de la vérité et de la patience. Voici donc l’analyse de cette question en particulier. Il faut savoir qu’Allah le Très-Haut a condamné les tribus d’Israël pour avoir transgressé ce principe en disant : (Enjoignez-vous les gens à faire le bien tout en vous oubliant vous-mêmes alors que vous récitez le Livre. Ne raisonnez-vous pas !) (3) Les jeunes doivent donc se concentrer sur leur propre sort avant de se pencher sur celui des autres. S’ils parviennent à se corriger en réussissant à combiner entre la fidélité à la religion d’Allah et la prédication, ils pourront réellement se revendiquer du chemin des anciens et devenir ainsi utiles aux autres. Ils seront l’image de la tradition dans les paroles et les actes. Telle est par Allah ! Le plus haut degré auquel peut parvenir l’élite des serviteurs d’Allah qui auront la meilleure place le Jour de la Résurrection. Allah le Très-Haut a révélé : (Qui peut dire plus belle parole que celui qui appelle à Allah et qui accomplit les bonnes œuvres en disant : Je compte parmi les musulmans). (4)

Deuxièmement : il faut absolument savoir que les vrais traditionalistes se distinguent par leur application de l’Islam à tous les niveaux : au niveau de la croyance mais aussi du comportement. Ce serait vraiment faire preuve d’une mauvaise compréhension en s’imaginant que le traditionaliste ou le salafî se conforme au dogme des traditionalistes au dépend des bonnes mœurs et du bon comportement dont la vocation est de répandre un climat de bonne entente dans les rangs des musulmans. Sheïkh el Islam ibn Taïmiya a souligné au terme de son épître el ‘Aqîda el Wâsitiya après avoir établi les principes fondamentaux du dogme des traditionalistes, qu’ils se caractérisent de surcroît par les choses suivantes : 

« Ils ordonnent le bien et interdisent le mal conformément aux exigences de la Législation divine. Ils adhèrent à faire le pèlerinage, la prière du vendredi et de l’Aïd sous la tutelle des différents gouverneurs qu’ils soient bons ou mauvais. Ils sont assidus à la prière en assemblée. Ils ont pour principe religieux de prodiguer le bon conseil à la communauté. Ils adhèrent au sens des paroles du Prophète : « Les croyants les uns envers les autres sont comme un solide édifice. Ils sont attachés les uns les autres. » Il a pour l’expliquer croisé les doigts. Il a dit également : « l’exemple des croyants dans leur affection réciproque, leur miséricorde, et leur compassion, c’est comme un seul corps ; si un membre se plaint, c’est tout le corps qui souffre de fièvre et d’insomnie. »
Ils enjoignent également d’être patient dans l’adversité, d’être reconnaissant dans l’aisance, et d’être satisfait du mauvais destin. Ils appellent au bon comportement et aux bonnes œuvres. Ils sont convaincus du sens des paroles du Prophète : « Le musulman dont la foi est mieux achevée, c’est celui qui a le meilleur comportement. » Ils recommandent de garder les liens avec celui qui les a coupés, de donner à celui qui refuse de donner, de pardonner à la personne injuste envers soi. Ils enjoignent d’obéir aux parents comme ils ordonnent d’entretenir les liens de sang et de veiller au bon voisinage. Ils condamnent l’orgueil, l’arrogance, l’injustice, et de s’en prendre à autrui à tort ou à raison. Ils encouragent la vertu et interdisent le vice. Tous ce qu’ils peuvent faire ou dire dans ce domaine ou autre, ils ne font que suivre le Coran et la Sunna. Le chemin qu’ils suivent, c’est la religion musulmane révélé par Allah à Mohammed . » Fin de citation.

Troisièmement : parmi les nobles desseins que l’Islam revendique, c’est de veiller à guider l’humanité afin de les faire adhérer à cette religion comme le Prophète a pu le dire a ‘Ali, le jour où il l’a envoyé à Khaïbar : « Si Allah guide un seul homme par ton intermédiaire, cela vaut mieux pour toi que la meilleure richesse (un chameau brin en l’occurrence). » (5) 

Ainsi, quiconque emprunte par la faveur d’Allah le chemin de la Sunna, doit servir de guide aux personnes égarées de la bonne voie ou négligentes dans leur adhésion à la Sunna. Il incombe de mettre tous les moyens possibles en œuvre pour guider les gens et de familiariser les cœurs à recevoir la vérité. Pour cela, la prédication doit opter pour la douceur comme nous l’enseigne le Seigneur le Très-Haut en s’adressant à Moussa et Haroun en ces termes : (Rendez-vous chez Pharaon qui s’est rendu rebelle et tenez-lui un doux langage). (6) Elle consiste à désigner les gens par les noms dignes de leur rang. Le Prophète a entamé son courrier à Harqal (Héraclius) en ces termes : À Harqal le Grand de Rome. Il surnommait également ‘Abd Allah ibn Saba (7), Abû el Hibâb. Elle consiste notamment à endurer l’insensibilité des autres en se comportant de la meilleure façon en retour, sans chercher spécialement à précipiter leur adhésion. 
Allah le Très-Haut a révélé : (Patiente comme ont patienté les Résolus (Ulû el ‘Azm) parmi les Messagers et ne soit pas pressé pour leur sort). (8)

Quatrièmement : il incombe à toute personne en quête de science, surtout les prédicateurs d’entre eux, de distinguer entre l’hypocrisie (modâhana) dans les relations et l’habilité (modârat). L’habilité est en effet recommandé. Celle-ci est en relation avec la douceur et la précaution dans les relations. Dans Lisân el ‘Arab (14/355), il est précisé : « Être habile avec les autres consiste à être doux, d’avoir de bons rapports avec eux, et de les supporter afin de ne pas les faire fuir. » L’hypocrisie (l’adulation ou la flatterie) quant à elle, est condamnable. Celle-ci est en rapport avec la religion. Allah le Très-Haut a révélé : (Ils aimeraient que tu leur fasses des concessions pour en faire) (9). El Hasan el Basrî a dit en commentaire à ce Verset : « Ils aimeraient que tu sois transigeant (ou accommodant) dans ta religion afin qu’ils le soient en retour dans la leur… » (10)

Ainsi, la personne diplomate est souple dans ses relations avec les autres sans ne faire pour autant aucune concession dans sa religion. Tandis que l’hypocrite ou le mauvais complaisant cherche à gagner la faveur des gens au prix de sacrifier certains principes. Le Prophète était le mieux éduqué des hommes et le plus compatissant envers sa communauté. Cet aspect représente le côté doux et compréhensif de sa personnalité. À l’inverse, il était résolu et implacable dans les affaires de la religion. Il ne faisait aucune concession à qui que ce soit. Cet aspect représente son attachement résolu à la religion, contrairement à l’hypocrite. Les personnes en quête de science doivent bien tenir compte de cette différence. Certains gens s’imaginent en effet que la gentillesse et la souplesse dans les relations avec autrui est une preuve de faiblesse et un manque de rigueur ou de négligence (Tamyî’) (11) au moment où d’autres s’envisagent que le bon comportement envers les gens consiste à approuver leur mauvais chemin ou à fermer l’œil sur leurs erreurs. Ces deux extrêmes ont tord et sont aussi loin de la vérité l’un l’autre. Il faut donc faire attention à ce point, qui est dangereux et glissant. La plupart des gens ne sont pas épargnés de se tromper dans ce domaine, à l’exception de ceux qu’Allah a bien voulu guider et faire parvenir à la réussite… fin de citation. 

Ibn Sa’dî a dit –Allah lui fasse miséricorde – : « (Ne suis pas tout grand jureur) c’est-à-dire qui jure énormément. S’il est ainsi, c’est parce qu’il est un menteur ; et s’il est menteur, c’est parce qu’il est : (vil). Autrement dit, son âme est ignoble, et il a peu de nobles ambitions. Il n’a en fait aucun entrain à faire le bien. Il a plutôt tendance à sombrer dans les hideuses passions de l’âme. (railleur) c’est-à-dire qu’il critique énormément les autres et dit du mal d’eux en faisant de la médisance et en se moquant d’eux, etc. (colporteur de la calomnie) c’est-à-dire qu’il fait courir la calomnie entre les gens qui correspond à propager les paroles des uns à l’encontre des autres dans l’intention que les rapports se détériorent et de faire régner la haine et l’animosité. (ennemi du bien) en se refusant aux dépenses qui lui incombent à l’exemple des compensations financières et de l’aumône obligatoire. (offenseur) à l’encontre des gens en leur portant préjudice sur leurs biens, leur personne, et leur honneur. (grand fautif) c’est-à-dire que ses péchés et ses fautes abondent envers Allah. (féroce) c’est-à-dire qu’il est très méchant envers les gens et très durs, et qu’il ne se soumet jamais à la vérité. (et qui plus est sans origine) c’est-à-dire : bâtard, il n’a ni ascendance ni origine d’où pourrait provenir le bien. Il a plutôt le pire des caractères. Il se distingue par le mal qui lui est marqué d’un sceau. En résumé, Allah le Très-Haut a interdit de suivre les grands jureurs et menteurs, qui ont une âme ignoble et un mauvais comportement.