LA POSITION DES TRADITIONALISTES CONCERNANT LES GENS L'INNOV

… Il est possible que la personne se fasse aimer des autres en raison de son savoir, de sa piété, ou de sa générosité (…) mais il suffit qu’elle ne se plie pas à leurs exigences pour que leur sentiment s’estompe un peu, ou qu’ils ressentent à son égard une forme de haine, ou au pire des cas qu’ils ne l’aiment plus du tout… 
Ibn Taïmiya (Majmû’ el Fatâwâ 10/602).



Chaque musulman doit faire attention à ne pas se laisser dominer par ses passions en leur concédant un ascendant sur sa personne, sinon il serait tout désigné pour dévier de la vérité. Il deviendrait pire que la personne qui délaisserait le Hadjr par désobéissance. Ce dernier en effet, désobéit à Allah le Très-Haut en négligeant l’exclusion légitime des innovateurs. Tandis que le premier veut faire croire qu’il délaisse le Hadjr au nom de la religion sous le couvert imaginaire de l’intérêt général et de prétendre concilier les cœurs ou autre. Tu dois donc te conformer à l’exclusion légitime de l’innovateur selon ses critères légitimes en ne se tournant vers rien d’autre !1

Définition de l’exclusion

Il y a deux sortes d’exclusion légitimes :

- Premièrement : dans le sens de s’éloigner des péchés.
- Deuxièmement : dans le sens de punir la personne qui en commet (…)
Concernant la première sorte, le Prophète a dit () : « L’émigré, c’est celui qui délaisse les interdits d’Allah. »2 Dans le premier registre, il y a l’émigration d’un pays mécréant et pervers vers un pays où règne l’Islam et la foi. L’individu éloigne en effet sa personne de la présence des mécréants et des hypocrites qui lui empêchent d’accomplir ce qu’Allah lui ordonne. Dans ce sens, il y a le Verset : de la souillure, éloigne-toi.3 La deuxième sorte concerne la punition. Autrement dit, elle consiste à exclure les personnes ayant commis des actes pervers jusqu’à ce qu’elles s’en repentissent.4

Les acteurs concernés

Deux catégories de personnes ont le rôle de pratiquer l’exclusion (le Hadjr) :
Celle qui a une autorité physique sur le fautif comme le père sur l’enfant, le mari sur la femme, et le gouverneur sur le gouverné. 
Et celle qui a une autorité morale sur le fautif comme le savant.5

Les formes d’exclusion

Il y a deux formes d’exclusion6 : 
L’exclusion défensive : celle-ci est valable pour n’importe quelle conjoncture et à toutes les époques.
L’exclusion offensive : la plus complexe des deux, elle est soumise à des critères et à des conditions qu’il faut absolument suivre à la lettre. 

Ibn ‘Abd el Bar –Allah lui fasse miséricorde – a souligné : « L’exclusion n’a pas lieu d’être si ce n’est à l’encontre de celui que tu espères éduquer ou celui dont tu crains les méfaits comme l’innovation ou autre. »7 Il a dit également : « Les savants sont unanimes à dire qu’il n’est pas permis de se détourner de son frère plus de trois jours, sauf dans la situation où la personne craint pour sa religion ou sa vie matérielle en lui parlant ou en gardant des liens avec lui, ce qui pourrait corrompre sa religion ou engendrer pour sa personne un préjudice au niveau de sa religion ou de sa vie matérielle. Dans cette situation, il lui a été permis de l’éviter et de s’éloigner de lui. » 8

Son registre

L’exclusion entre dans le registre des punitions légitimes ; elle est du même ressort que la Guerre Sainte (le djihad). Si on y a recourt, c’est dans l’intention que la Parole d’Allah soit la plus haute et que la religion soit vouée entièrement au Seigneur. Il incombe au croyant de haïr et d’aimer en Dieu.9 

Le juste milieu

Certains gens en ont fait une règle générale, ils ont utilisé le Hadjr d’une manière qui ne leur a pas été demandé en faisant ce qui ne leur est ni obligé ni recommandé de faire. Ils sont même susceptibles de négliger certains devoirs religieux qui sont obligatoires ou recommandés. Ils peuvent même en arriver à commettre des péchés. D’autres à l’inverse s’en sont complètement détournés. Ils ne se sont pas éloignés des fautes hérétiques (el Bid’a) comme il leur a été enjoint. Ils les ont plutôt délaissés avec répugnance plus qu’ils n’auraient pu le faire en bonne âme et conscience, pour ceux qui ne les commettent pas parmi eux. Ils peuvent très bien s’en abstenir en bonne âme et conscience, mais ils n’interdisent pas aux autres de le faire. Ils n’ont surtout pas recourt à la punition de l’exclusion ou autre à l’encontre de la personne condamnable. Ils ont ainsi négligé leur devoir de réprimer le mal que ce soit de façon obligatoire ou recommandée. Ils vacillent entre commettre des fautes ou bien négliger de les réprimer ce qui en fait correspond à enfreindre les commandements et à commettre les interdits. Voici les deux comportements extrêmes alors que la religion d’Allah est médiane entre deux attitudes : entre l’excès (ou trop de rigueur) et la négligence (ou un manque de rigueur). Certes Dieu Seul sait !10 

Un individu ou bien un groupe d’individus est susceptible de commettre un péché et en parallèle, d’autres s’abstiennent de leur faire la morale, ce qui relève de leurs péchés. D’autres leur font bien la morale, mais d’une manière condamnable, ce qui relève aussi de leurs péchés. Cela engendre à terme la divergence, la division, et le mal…11

Les personnes exclues

La punition concerne les personnes qui affichent un manquement aux prescriptions et qui enfreignent les interdictions à l’instar de celles qui ne font pas la prière ou ne versent pas l’aumône, ou celles qui affichent l’injustice ou la perversité, ou celles qui prêchent l’innovation allant à l’encontre du Coran, de la Sunna, et du consensus pour les choses reconnues faire parties de l’innovation. Voici le sens des paroles des anciens et des références disant que le témoignage des prêcheurs innovateurs ne sont pas acceptés, qu’il ne faut pas prier derrière eux, ni prendre d’eux les sciences, ni les préposer en mariage ; telle est leur punition jusqu’à ce qu’ils mettent fin à leurs agissements. 
C’est pourquoi, ils faisaient la distinction entre les prêcheurs et les non prêcheurs étant donné que le prêcheur affiche sa corruption ; il méritait ainsi la punition à l’inverse de la personne discrète. Celle-ci n’est pas pire que les hypocrites (…) il faut donc condamner les fautes qui sont exhibées indépendamment de celles qui sont cachées car la punition concerne dans ce dernier cas, leur auteur uniquement.12 

Quant à celui qui exhibe la corruption, il incombe de le contester en public. Il n’est plus question envers lui de médisance. Il incombe de le punir en public en lui infligeant les punitions capables de le dissuader de faire du mal, comme l’exclusion ou autres. Il ne faut plus le saluer ni répondre à son salut dans la condition où la personne qui en prend l’initiative est capable de le faire sans qu’aucun désavantage ne soit prépondérant à cela.13 Quant à celui qui cache ses péchés ou qui est discret dans son innovation non taxée d’apostasie, l’exclusion ne s’applique pas à ce dernier. Néanmoins, elle concerne le prêcheur innovateur étant donné que l’exclusion est une forme de punition.14

Qui prend une telle initiative ?

La décision de l’exclusion ne revient pas au commun des gens ni aux simples étudiants en science. Cela serait inefficace de leur part. Les objectifs escomptés ne peuvent non plus être atteints, sans compter que cela n’a aucun impact sur la personne condamnée au moment où leur compagnie avec un innovateur peut leur porter préjudice en subissant leur malice et leurs préceptes égarés. Ils doivent donc s’éloigner des innovateurs et de leur venin afin de ne subir aucune confusion dans leur conception de la religion. Néanmoins, les personnes capables d’utiliser pertinemment ce procédé, ce sont les savants qui sont à même d’évaluer éventuellement l’intérêt à ne pas avoir recours à l’exclusion. Ils sont influents sans recevoir d’influence, et prêcheurs sans ne subir en retour aucun prêche.15


Quels en sont les critères ?

La sanction de la personne injuste et sa punition est astreinte à la capacité de le faire. C’est pourquoi, la décision à prendre est différente concernant les deux sortes d’exclusion entre les personnes qui en sont matériellement capables et celles qui n’en sont pas capables.