LA POSITION DES TRADITIONALISTES CONCERNANT LES GENS L'INNOV
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LA POSITION DES TRADITIONALISTES CONCERNANT LES GENS L'INNOV
La légitimité du Hadjr
… La personne est susceptible de reconnaître que la vérité se trouve chez quelqu’un d’autre. Malgré cela, elle la renie ; soit par jalousie envers lui soit par envie d’être au-dessus de lui ou soit se laisse-t-elle dominer par ses passions. Ses passions la poussent ainsi à s’en prendre à lui et à réfuter ses paroles par n’importe quel moyen… (Ibn Taïmiya Majmû’ el Fatâwâ 7/190-191).
Quiconque veut faire la morale (ordonner le bien et interdire le mal) doit s’armer de science, de douceur, et de sagesse (…) la science doit précéder le sermon, la douceur doit précéder le sermon, et la sagesse doit précéder le sermon. Il ne convient pas à quiconque s’aventure à le faire sans science de s’avancer sur des choses qu’il ignore. S’il était un savant dépourvu de douceur, il serait comme un médecin dont le patient refuserait les soins en raison de sa dureté… Il incombe à quiconque veut faire la morale que son initiative soit vouée à Allah, que son intention soit pour Allah : Il doit avoir pour ambition de réformer la personne à qui son sermon est adressé, il doit lui faire parvenir la vérité sans pour autant chercher le pouvoir pour lui-même ou pour son groupe ou encore à humilier autrui.1
Si un innovateur prône des convictions contraires au Coran et à la Sunna ou bien s’il l’on craint qu’il puisse égarer les gens, il faut les prévenir contre lui afin de les préserver de son égarement et qu’ils soient au courant de sa situation. Le but, c’est de prodiguer le bon conseil, et d’aspirer au Visage d’Allah le Très-Haut. Il ne s’agit pas de s’en prendre à un autre sous l’impulsion des passions. Il ne faut pas non plus être motivé par l’esprit de vengeance à l’encontre d’une personne avec qui on a un conflit d’ordre matériel ; ni par la jalousie, la haine, ou la rivalité en vue d’acquérir le pouvoir. Cela pousserait à l’un à parler des défauts de l’autre sous prétexte de donner conseil, mais ses intentions cachées serait de dénigrer la personne et de se venger (ou se débarrasser) de lui, ce qui est une œuvre du Diable.2 …Si l’on sait cela, il faut savoir que l’exclusion légitime compte parmi les œuvres ordonnées par Allah et Son Messager. L’obéissance au Seigneur doit absolument être fondée sur la sincérité à Dieu et la conformité à Son Ordre ; elle doit donc être sincère et pertinente. Ainsi, quiconque a recourt à l’exclusion à des fins personnelles ou à travers un procédé non conforme à la religion, sera sorti de ce cadre. Combien de gens ont l’impression de plaire à Allah alors qu’en réalité, ils obéissent à leurs passions !3
Les preuves textuelles
A-En principe il n’est pas permis de se détourner de son frère plus de trois jours :
1- Selon Anas ibn Mâlik , le Messager d’Allah a dit : « Ne vous haïssez pas, ne vous jalousez pas, ne vous trahissez pas, et soyez frères, serviteurs d’Allah ! Il n’est pas permis à tout musulman de se détourner de son frère plus de trois nuits. »4
2- Selon Abû Aïyûb el Ansârî , le Messager d’Allah a déclaré : « Il n’est pas permis à tout musulman de se détourner de son frère plus de trois nuits. S’ils se rencontrent, ils se détournent l’un l’autre. Le meilleur d’entre eux est celui qui salue l’autre en premier. »5
3- Selon ‘Abd Allah ibn Mas’ûd , Mohammed a affirmé : « Tuer un musulman, c’est de l’impiété et l’insulter, c’est de la perversité. Il n’est pas permis à tout musulman de se détourner de son frère plus de trois (nuits). »6
4- Selon Abû Khirâsh el Aslamî , j’ai entendu le Messager d’Allah dire : « Quiconque se détourne de son frère un an, c’est comme s’il avait fait couler son sang. »7
5- Selon Abû Khirâsh el Aslamî , le Messager d’Allah a déclaré : « Il n’est pas permis à tout musulman de se détourner de son frère plus de trois nuits. Quand ils se rencontrent, si l’un répond au salut de l’autre, ils vont se partager la récompense, mais si l’autre refuse de répondre au salut, le premier sera épargné du péché tandis que l’autre récoltera le péché. Je considère que s’ils venaient à mourir en étant fâchés ainsi, ils ne seront pas réunis au Paradis. »8
6- Selon Fudhâla ibn ‘Ubaïd le Messager d’Allah a déclaré : « Quiconque se détourne de son frère plus de trois nuits, ira en Enfer sauf si Allah l’atteint de Sa Grâce. »9
2-l’exception à la règle
Deux cas échappent à cette règle générale
Premièrement : les personnes qui ont une autorité physique ou morale sur le fautif
Exemple de l’autorité physique
1-Le mari sur son épouse :
Selon ‘Ikrima ibn ‘Abd e-Rahmân ibn el Hârith, Oum Salama lui raconta que le Prophète jura de ne pas entrer chez ses femmes un mois durant.10 Ibn ‘Abbâs nous apprend qu’il se détourna effectivement d’elles au cours de ce mois.11
2- le chef de l’autorité :
Ka’b ibn Malîk nous raconte les détails de son histoire émouvante : « Le Messager d’Allah a interdit à quiconque d’adresser la parole à l’un de nous trois12 car nous comptions parmi ceux qui se désistèrent (à l’expédition de Tabuk). Les gens nous ont dès lors évités et ont changé de comportements envers nous à tel point que la terre m’était devenue insupportable (ou méconnaissable) ; ce n’était pas celle dont j’étais habitué. Nous sommes restés ainsi cinquante jours. Quant à mes deux compagnons, ils se sont résignés et sont restés cloîtrer chez à eux à pleurer. Quant à moi, j’affrontais les autres et je n’avais pas froid aux yeux. Je me permettais de sortir et de participer à la prière avec les musulmans. Je tournais dans les marchés mais personne ne m’adressait la parole. J’allais auprès du Messager d’Allah pour le saluer lorsqu’il était au milieu de son assemblée après la prière. Je me disais à l’intérieur : A-t-il bougé les lèvres pour me rendre le salut ou non ? Ensuite, je veillais à prier près de lui afin de lui voler un regard. Quand je me tournais pour prier, il se tournait vers moi ; mais si je me tournais vers lui, il se détournait. Après avoir enduré longtemps l’indifférence des autres, je me suis mis en marche et j’ai escaladé le jardin d’Abû Qatâda qui était le fils de mon oncle, et la personne la plus aimée à mes yeux. Je l’ai donc salué. Par Allah ! Il ne m’a pas répondu. « Abû Qatâda m’écriais-je ! Je t’adjure par Allah, me connais-tu pour aimer Allah et Son Messager » Mais il s’est tue. Je lui ai répété et lui ai adjuré à nouveau, mais sans obtenir de réponse. Je persistais à lui faire adjurer ainsi pour lui arracher finalement : « Allah et Son Messager le savent mieux ! » Mes larmes se sont mises alors à couler, je suis revenu sur mes pas et ai re-escaladé le mur. … Après s’être écoulé quarante jours (sur les cinquante), un messager du Messager d’Allah est venu me voir pour m’annoncer : « Le Messager d’Allah t’ordonne de t’éloigner de ta femme. Dois-je la divorcer ou bien que dois-je faire ? M’enquérais-je. Non, tu dois plutôt t’écarter d’elle et ne plus l’approcher. M’a-t-il répondu. » Il envoya dire la même chose à mes deux autres compagnons. J’ai donc enjoint à ma femme : « Rejoins ta famille et reste chez eux jusqu’à ce qu’Allah décrète dans cette affaire. » »
Ka’b a poursuivi : « La femme de Hilâl ibn Umaïya s’est présentée auprès du Messager d’Allah pour lui demander : « Cher Messager d’Allah ! Hilâl ibn Umaïya est un vieil homme dépourvu, il n’a personne à son service. Cela t’ennuierait-il si je m’occupais de lui ? Non ! Répondit-il, mais il ne doit pas t’approcher. Par Allah ! Assura-t-elle, il n’a plus aucune envie, par Allah ! Il ne cesse de pleurer depuis le début de son affaire jusqu’à ce jour. » Certains de mes proches m’ont alors suggéré : « Tu devrais demander au Messager d’Allah d’autoriser à ton épouse de te servir comme l’a fait la femme de Hilâl ibn Umaïya. Par Allah ! M’exclamai-je, je ne demanderais certainement pas cette autorisation au Messager d’Allah . Qui peut m’assurer son consentement si je lui faisais une telle demande alors que je suis encore jeune ?… » »13
3- le père de famille :
D’après Mujâhid, selon ‘Abd Allah ibn ‘Omar , le Prophète a dit : « Un homme ne doit pas empêcher à sa femme de se rendre à la mosquée. » L’un des fils de ‘Abd Allah a déclaré : « Nous les en empêcherons ! Je te rapporte les paroles du Messager d’Allah et toi tu me dis cela ? » Dès lors, il ne lui a plus jamais adressé la parole jusqu’à sa mort.14
Exemple de l’autorité morale : celui où ‘Aïcha radhia allahu 'anha s’est fâchée avec son neveu ‘Abd Allah ibn e-Zubaïr .15
Deuxièmement : les pervers et les prêcheurs innovateurs :
1- Si tu vois ceux qui discutent sur nos Versets, détournes-toi d’eux jusqu’à ce qu’ils parlent d’autre chose. Si Satan te fait oublier, ne reste pas après t’en être rappelé avec la gente injuste.16
2- Il vous est descendu dans le Livre que si vous entendez renier et railler les Versets d’Allah, ne vous asseyez pas avec eux jusqu’ils discutent d’autre chose, sinon vous seriez comme eux. Allah va rassembler tous ensemble dans la Géhenne les hypocrites et les mécréants.17
3- le Prophète s’est détourné et n’a pas répondu au salut d’un homme qui venait du Bahraïn car il avait une bague en or.18
4- Selon Nâfi’, le captif d’ibn ‘Omar : « Subeïgh l’iraquien s’interrogerait sur certaines choses du Coran au milieu des troupes musulmanes. Quand il s’est rendu en Egypte, ‘Amr ibn el ‘Âs l’a fait envoyer à ‘Omar ibn el Khattâb. Quand le messager lui a remis la lettre, ‘Omar l’a lu et a demandé après cet homme. Il est en route, a répondu le messager. Fais attention à ne pas le laisser partir s’est-il écrié, sinon tu risques de recevoir de ma part une punition douloureuse. Après l’avoir ramené, ‘Omar interpella l’intéressé : « Tu en en quête de nouveautés ? » Il se fit apporter sur-le-champ des tiges de palmiers fraîches pour le frapper à tel point qu’il lui laissa des marques sur le dos. Ensuite, il l’a laissé se rétablir pour le corriger à nouveau. Quand il s’est rétabli après sa deuxième correction, il l’a convoqué pour le corriger une troisième fois mais Subeïgh l’en empêcha en s’exclamant : « Si tu veux me tuer alors fais-le proprement, mais si tu veux me soigner, sache par Allah ! Que c’est déjà fait. » Dès lors, il l’a laissé retourner sur ses terres. Il écrivit à Abû Moussa el Ach’ari de ne laisser personne s’assoire avec cet homme ; cela fut pour lui d’autant plus pénible. »19
5- selon ‘Abd Allah ibn Mughaffal , ce dernier a vu un homme lancer des cailloux. Il lui recommanda alors de ne pas le faire car le Messager d’Allah l’a interdit en ces termes : « Ils ne permettent pas de chasser ni de neutraliser (ou dissuader) un ennemi mais ils peuvent casser une dent ou crever un œil. » Lorsque par la suite, il l’a vu le refaire, il lui a déclaré : « Je te rapporte les paroles du Messager d’Allah interdisant de lancer des cailloux –ou qui n’aimait pas qu’on le fasse – et toi tu continues à le faire ! Je ne te parlerais pas telle ou telle période. »20 Dans la version de Muslim, il est précisé : « je ne te parlerais plus jamais. »
6- Lorsqu’on interrogea ibn ‘Omar sur les Qadarites, ce dernier a répondu : « Si vous rencontrez ces gens-là, alors dites-leur que je n’ai aucun lien avec eux et qu’ils n’ont aucun lien avec moi. »21
7- D’après e-Shâfi’î, Abû Sa’îd el Khudrî () après avoir informé à un homme qu’il avait rencontré, d’une chose provenant du Messager d’Allah , celui-ci a fait le contraire : « Par Allah ! S’exclama Abû Sa’îd, nos deux têtes ne se couvriront plus jamais sous le même toit. »22
Notes:
1-El Amr bil Ma’rûf wa e-Nâhi ‘anil Mnkar de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya (à partir de la page 14 et plus).
2-Majmû’ el Fatâwâ d’ibn Taïmiya (voir : 28/ 221).
3-Idem. (Voir : 28/ 203-210).
4-Rapporté par el Bukhârî (6076), et Muslim (2559).
5-Rapporté par el Bukhârî (6077), et Muslim (2560).
6-Rapporté par ibn Mâja (1/18/47).
7-Rapporté par el Bukhârî dans el Adab el Mufrad (404).
8-Rapporté par El Hâkim dans el Mustadrak (163/4).
9-Rapporté par e-Tabarânî dans el Mu’jam el Kabîr ((18/315/815).
10-Voir el Bukhârî (5202).
11-Voir Ahmed (235/1).
12-Autrement dit : Ka’b ibn Mâlik , Mirâra ibn e-Rabî’ , et Hilâl ibn Umaïya .
13-Rapporté par el Bukhârî (4418), et Muslim (2769).
14-Rapporté par Ahmed (2/36).
15-Rapporté par el Bukhârî (3505, 6073-6075).
16-Le bétail ; 68
17-Les femmes ; 140
18-El Adab el Mufrad d’el Bukhârî (2/473).
19-Rapporté par e-Dârimî (I/55-56).
20-Sheïkh el Islam ibn Taïmiya précise que le deuxième Khalife leva cette mise en quarantaine quand il apprit que l’intéressé s’était repenti de ses maux. Cette punition lui servit plus tard quand les Kharjites vinrent frapper à sa porte. Il leur fit savoir que le sermon du serviteur vertueux
(‘Omar) fit ses effets. Voir Majmû’ el Fatâwa (4/3-4). 21-Rapporté par el Bukhârî (5479) et Muslim (1954), et (56).
23-Rapporté par Muslim (8).
22-E-Risâla de Shâfi’î (p. 447 n° 1230).
Traduit par :
Karim ZENTICI
… La personne est susceptible de reconnaître que la vérité se trouve chez quelqu’un d’autre. Malgré cela, elle la renie ; soit par jalousie envers lui soit par envie d’être au-dessus de lui ou soit se laisse-t-elle dominer par ses passions. Ses passions la poussent ainsi à s’en prendre à lui et à réfuter ses paroles par n’importe quel moyen… (Ibn Taïmiya Majmû’ el Fatâwâ 7/190-191).
Quiconque veut faire la morale (ordonner le bien et interdire le mal) doit s’armer de science, de douceur, et de sagesse (…) la science doit précéder le sermon, la douceur doit précéder le sermon, et la sagesse doit précéder le sermon. Il ne convient pas à quiconque s’aventure à le faire sans science de s’avancer sur des choses qu’il ignore. S’il était un savant dépourvu de douceur, il serait comme un médecin dont le patient refuserait les soins en raison de sa dureté… Il incombe à quiconque veut faire la morale que son initiative soit vouée à Allah, que son intention soit pour Allah : Il doit avoir pour ambition de réformer la personne à qui son sermon est adressé, il doit lui faire parvenir la vérité sans pour autant chercher le pouvoir pour lui-même ou pour son groupe ou encore à humilier autrui.1
Si un innovateur prône des convictions contraires au Coran et à la Sunna ou bien s’il l’on craint qu’il puisse égarer les gens, il faut les prévenir contre lui afin de les préserver de son égarement et qu’ils soient au courant de sa situation. Le but, c’est de prodiguer le bon conseil, et d’aspirer au Visage d’Allah le Très-Haut. Il ne s’agit pas de s’en prendre à un autre sous l’impulsion des passions. Il ne faut pas non plus être motivé par l’esprit de vengeance à l’encontre d’une personne avec qui on a un conflit d’ordre matériel ; ni par la jalousie, la haine, ou la rivalité en vue d’acquérir le pouvoir. Cela pousserait à l’un à parler des défauts de l’autre sous prétexte de donner conseil, mais ses intentions cachées serait de dénigrer la personne et de se venger (ou se débarrasser) de lui, ce qui est une œuvre du Diable.2 …Si l’on sait cela, il faut savoir que l’exclusion légitime compte parmi les œuvres ordonnées par Allah et Son Messager. L’obéissance au Seigneur doit absolument être fondée sur la sincérité à Dieu et la conformité à Son Ordre ; elle doit donc être sincère et pertinente. Ainsi, quiconque a recourt à l’exclusion à des fins personnelles ou à travers un procédé non conforme à la religion, sera sorti de ce cadre. Combien de gens ont l’impression de plaire à Allah alors qu’en réalité, ils obéissent à leurs passions !3
Les preuves textuelles
A-En principe il n’est pas permis de se détourner de son frère plus de trois jours :
1- Selon Anas ibn Mâlik , le Messager d’Allah a dit : « Ne vous haïssez pas, ne vous jalousez pas, ne vous trahissez pas, et soyez frères, serviteurs d’Allah ! Il n’est pas permis à tout musulman de se détourner de son frère plus de trois nuits. »4
2- Selon Abû Aïyûb el Ansârî , le Messager d’Allah a déclaré : « Il n’est pas permis à tout musulman de se détourner de son frère plus de trois nuits. S’ils se rencontrent, ils se détournent l’un l’autre. Le meilleur d’entre eux est celui qui salue l’autre en premier. »5
3- Selon ‘Abd Allah ibn Mas’ûd , Mohammed a affirmé : « Tuer un musulman, c’est de l’impiété et l’insulter, c’est de la perversité. Il n’est pas permis à tout musulman de se détourner de son frère plus de trois (nuits). »6
4- Selon Abû Khirâsh el Aslamî , j’ai entendu le Messager d’Allah dire : « Quiconque se détourne de son frère un an, c’est comme s’il avait fait couler son sang. »7
5- Selon Abû Khirâsh el Aslamî , le Messager d’Allah a déclaré : « Il n’est pas permis à tout musulman de se détourner de son frère plus de trois nuits. Quand ils se rencontrent, si l’un répond au salut de l’autre, ils vont se partager la récompense, mais si l’autre refuse de répondre au salut, le premier sera épargné du péché tandis que l’autre récoltera le péché. Je considère que s’ils venaient à mourir en étant fâchés ainsi, ils ne seront pas réunis au Paradis. »8
6- Selon Fudhâla ibn ‘Ubaïd le Messager d’Allah a déclaré : « Quiconque se détourne de son frère plus de trois nuits, ira en Enfer sauf si Allah l’atteint de Sa Grâce. »9
2-l’exception à la règle
Deux cas échappent à cette règle générale
Premièrement : les personnes qui ont une autorité physique ou morale sur le fautif
Exemple de l’autorité physique
1-Le mari sur son épouse :
Selon ‘Ikrima ibn ‘Abd e-Rahmân ibn el Hârith, Oum Salama lui raconta que le Prophète jura de ne pas entrer chez ses femmes un mois durant.10 Ibn ‘Abbâs nous apprend qu’il se détourna effectivement d’elles au cours de ce mois.11
2- le chef de l’autorité :
Ka’b ibn Malîk nous raconte les détails de son histoire émouvante : « Le Messager d’Allah a interdit à quiconque d’adresser la parole à l’un de nous trois12 car nous comptions parmi ceux qui se désistèrent (à l’expédition de Tabuk). Les gens nous ont dès lors évités et ont changé de comportements envers nous à tel point que la terre m’était devenue insupportable (ou méconnaissable) ; ce n’était pas celle dont j’étais habitué. Nous sommes restés ainsi cinquante jours. Quant à mes deux compagnons, ils se sont résignés et sont restés cloîtrer chez à eux à pleurer. Quant à moi, j’affrontais les autres et je n’avais pas froid aux yeux. Je me permettais de sortir et de participer à la prière avec les musulmans. Je tournais dans les marchés mais personne ne m’adressait la parole. J’allais auprès du Messager d’Allah pour le saluer lorsqu’il était au milieu de son assemblée après la prière. Je me disais à l’intérieur : A-t-il bougé les lèvres pour me rendre le salut ou non ? Ensuite, je veillais à prier près de lui afin de lui voler un regard. Quand je me tournais pour prier, il se tournait vers moi ; mais si je me tournais vers lui, il se détournait. Après avoir enduré longtemps l’indifférence des autres, je me suis mis en marche et j’ai escaladé le jardin d’Abû Qatâda qui était le fils de mon oncle, et la personne la plus aimée à mes yeux. Je l’ai donc salué. Par Allah ! Il ne m’a pas répondu. « Abû Qatâda m’écriais-je ! Je t’adjure par Allah, me connais-tu pour aimer Allah et Son Messager » Mais il s’est tue. Je lui ai répété et lui ai adjuré à nouveau, mais sans obtenir de réponse. Je persistais à lui faire adjurer ainsi pour lui arracher finalement : « Allah et Son Messager le savent mieux ! » Mes larmes se sont mises alors à couler, je suis revenu sur mes pas et ai re-escaladé le mur. … Après s’être écoulé quarante jours (sur les cinquante), un messager du Messager d’Allah est venu me voir pour m’annoncer : « Le Messager d’Allah t’ordonne de t’éloigner de ta femme. Dois-je la divorcer ou bien que dois-je faire ? M’enquérais-je. Non, tu dois plutôt t’écarter d’elle et ne plus l’approcher. M’a-t-il répondu. » Il envoya dire la même chose à mes deux autres compagnons. J’ai donc enjoint à ma femme : « Rejoins ta famille et reste chez eux jusqu’à ce qu’Allah décrète dans cette affaire. » »
Ka’b a poursuivi : « La femme de Hilâl ibn Umaïya s’est présentée auprès du Messager d’Allah pour lui demander : « Cher Messager d’Allah ! Hilâl ibn Umaïya est un vieil homme dépourvu, il n’a personne à son service. Cela t’ennuierait-il si je m’occupais de lui ? Non ! Répondit-il, mais il ne doit pas t’approcher. Par Allah ! Assura-t-elle, il n’a plus aucune envie, par Allah ! Il ne cesse de pleurer depuis le début de son affaire jusqu’à ce jour. » Certains de mes proches m’ont alors suggéré : « Tu devrais demander au Messager d’Allah d’autoriser à ton épouse de te servir comme l’a fait la femme de Hilâl ibn Umaïya. Par Allah ! M’exclamai-je, je ne demanderais certainement pas cette autorisation au Messager d’Allah . Qui peut m’assurer son consentement si je lui faisais une telle demande alors que je suis encore jeune ?… » »13
3- le père de famille :
D’après Mujâhid, selon ‘Abd Allah ibn ‘Omar , le Prophète a dit : « Un homme ne doit pas empêcher à sa femme de se rendre à la mosquée. » L’un des fils de ‘Abd Allah a déclaré : « Nous les en empêcherons ! Je te rapporte les paroles du Messager d’Allah et toi tu me dis cela ? » Dès lors, il ne lui a plus jamais adressé la parole jusqu’à sa mort.14
Exemple de l’autorité morale : celui où ‘Aïcha radhia allahu 'anha s’est fâchée avec son neveu ‘Abd Allah ibn e-Zubaïr .15
Deuxièmement : les pervers et les prêcheurs innovateurs :
1- Si tu vois ceux qui discutent sur nos Versets, détournes-toi d’eux jusqu’à ce qu’ils parlent d’autre chose. Si Satan te fait oublier, ne reste pas après t’en être rappelé avec la gente injuste.16
2- Il vous est descendu dans le Livre que si vous entendez renier et railler les Versets d’Allah, ne vous asseyez pas avec eux jusqu’ils discutent d’autre chose, sinon vous seriez comme eux. Allah va rassembler tous ensemble dans la Géhenne les hypocrites et les mécréants.17
3- le Prophète s’est détourné et n’a pas répondu au salut d’un homme qui venait du Bahraïn car il avait une bague en or.18
4- Selon Nâfi’, le captif d’ibn ‘Omar : « Subeïgh l’iraquien s’interrogerait sur certaines choses du Coran au milieu des troupes musulmanes. Quand il s’est rendu en Egypte, ‘Amr ibn el ‘Âs l’a fait envoyer à ‘Omar ibn el Khattâb. Quand le messager lui a remis la lettre, ‘Omar l’a lu et a demandé après cet homme. Il est en route, a répondu le messager. Fais attention à ne pas le laisser partir s’est-il écrié, sinon tu risques de recevoir de ma part une punition douloureuse. Après l’avoir ramené, ‘Omar interpella l’intéressé : « Tu en en quête de nouveautés ? » Il se fit apporter sur-le-champ des tiges de palmiers fraîches pour le frapper à tel point qu’il lui laissa des marques sur le dos. Ensuite, il l’a laissé se rétablir pour le corriger à nouveau. Quand il s’est rétabli après sa deuxième correction, il l’a convoqué pour le corriger une troisième fois mais Subeïgh l’en empêcha en s’exclamant : « Si tu veux me tuer alors fais-le proprement, mais si tu veux me soigner, sache par Allah ! Que c’est déjà fait. » Dès lors, il l’a laissé retourner sur ses terres. Il écrivit à Abû Moussa el Ach’ari de ne laisser personne s’assoire avec cet homme ; cela fut pour lui d’autant plus pénible. »19
5- selon ‘Abd Allah ibn Mughaffal , ce dernier a vu un homme lancer des cailloux. Il lui recommanda alors de ne pas le faire car le Messager d’Allah l’a interdit en ces termes : « Ils ne permettent pas de chasser ni de neutraliser (ou dissuader) un ennemi mais ils peuvent casser une dent ou crever un œil. » Lorsque par la suite, il l’a vu le refaire, il lui a déclaré : « Je te rapporte les paroles du Messager d’Allah interdisant de lancer des cailloux –ou qui n’aimait pas qu’on le fasse – et toi tu continues à le faire ! Je ne te parlerais pas telle ou telle période. »20 Dans la version de Muslim, il est précisé : « je ne te parlerais plus jamais. »
6- Lorsqu’on interrogea ibn ‘Omar sur les Qadarites, ce dernier a répondu : « Si vous rencontrez ces gens-là, alors dites-leur que je n’ai aucun lien avec eux et qu’ils n’ont aucun lien avec moi. »21
7- D’après e-Shâfi’î, Abû Sa’îd el Khudrî () après avoir informé à un homme qu’il avait rencontré, d’une chose provenant du Messager d’Allah , celui-ci a fait le contraire : « Par Allah ! S’exclama Abû Sa’îd, nos deux têtes ne se couvriront plus jamais sous le même toit. »22
Notes:
1-El Amr bil Ma’rûf wa e-Nâhi ‘anil Mnkar de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya (à partir de la page 14 et plus).
2-Majmû’ el Fatâwâ d’ibn Taïmiya (voir : 28/ 221).
3-Idem. (Voir : 28/ 203-210).
4-Rapporté par el Bukhârî (6076), et Muslim (2559).
5-Rapporté par el Bukhârî (6077), et Muslim (2560).
6-Rapporté par ibn Mâja (1/18/47).
7-Rapporté par el Bukhârî dans el Adab el Mufrad (404).
8-Rapporté par El Hâkim dans el Mustadrak (163/4).
9-Rapporté par e-Tabarânî dans el Mu’jam el Kabîr ((18/315/815).
10-Voir el Bukhârî (5202).
11-Voir Ahmed (235/1).
12-Autrement dit : Ka’b ibn Mâlik , Mirâra ibn e-Rabî’ , et Hilâl ibn Umaïya .
13-Rapporté par el Bukhârî (4418), et Muslim (2769).
14-Rapporté par Ahmed (2/36).
15-Rapporté par el Bukhârî (3505, 6073-6075).
16-Le bétail ; 68
17-Les femmes ; 140
18-El Adab el Mufrad d’el Bukhârî (2/473).
19-Rapporté par e-Dârimî (I/55-56).
20-Sheïkh el Islam ibn Taïmiya précise que le deuxième Khalife leva cette mise en quarantaine quand il apprit que l’intéressé s’était repenti de ses maux. Cette punition lui servit plus tard quand les Kharjites vinrent frapper à sa porte. Il leur fit savoir que le sermon du serviteur vertueux
(‘Omar) fit ses effets. Voir Majmû’ el Fatâwa (4/3-4). 21-Rapporté par el Bukhârî (5479) et Muslim (1954), et (56).
23-Rapporté par Muslim (8).
22-E-Risâla de Shâfi’î (p. 447 n° 1230).
Traduit par :
Karim ZENTICI
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